Des concepts tels que 2D, 3D-GPS et Station totale n’ont peut-être plus de secret pour vous. Ou au contraire vous sont totalement inconnus. C’est pour aider tous les utilisateurs à utiliser ces nouvelles méthodes de travail high tech que Vincent Montreuil a créé 3DG il y a deux ans. Cette entreprise aide à monter et élaborer des plans 3D pour tous les systèmes disponibles sur le marché. Terra a rencontré Vincent pour lui parler des plans 3D et de leur facilité d’utilisation.
Terra : Comment avez-vous découvert l’univers du 3D ?
Vincent Montreuil : « J’ai terminé mes études de topographe à Gand à la fin des années 1990. Au début, je réalisais surtout de petits levés en tant que topographe et géomètre en attendant qu’un emploi vacant se libère. J’ai été embauché relativement vite et, comme je suis parfaitement bilingue, j’ai été promu chef de chantier au bout de deux ans. Début 2002, j’ai eu la chance que l’entreprise pour laquelle je travaillais soit une des pionnières de l’expérimentation avec les systèmes 3D. Cela m’a donné l’opportunité de réaliser des plans pour les machines 3D et de calibrer ces dernières. C’est là que j’ai attrapé le microbe des systèmes 3D. Après avoir calibré pendant quelques années toutes sortes de machines, du petit Bobcat à la grosse Caterpillar D8, je suis retourné travailler en Flandre. J’y ai travaillé pour une entreprise active principalement dans la rénovation d’autoroutes avec des machines 3D. C’est là que nous avons également mis en route les premières fraiseuses avec Station totale. »
Terra : Comment 3DG est-elle née ?
VM : « 3DG est en fait née d’un petit service rendu à un ami. Un soir, cet ami qui a d’urgence besoin d’un plan 3D d’urgence m’a appelé à la rescousse. Il m’a fallu une soirée de travail pour lui préparer une solution parfaitement opérationnelle. Peu de temps après, j’ai reçu différentes demandes de réalisation de plans 3D pour, vous le devinez, des collègues de cet ami que j’avais aidé. Devant l’afflux de demandes, j’ai décidé de créer 3DG quelques semaines plus tard. Actuellement, j’utilise tous les systèmes qui existent sur le marché, dans tout le pays, avec comme devise : 3DG ne dit jamais non. »
Terra : Vous avez assisté à l’évolution des technologies 3D depuis leur naissance. Comment les choses se sont-elles déroulées ?
VM : « Au début, nous travaillions avec des balises radio. C’est une technologie qui n’est plus guère utilisée aujourd’hui que dans les endroits où la réception est vraiment très mauvaise. Ces balises transmettaient de petites corrections à la pelle hydraulique, qui intégrait tout dans son ordinateur de bord pour avoir des coordonnées correctes. Puis, avec l’apparition de la carte SIM en 2007, tout devient plus simple et plus efficace. C’est désormais via l’Internet que les corrections sont envoyées à la carte SIM de la pelle. Elles proviennent de différentes balises disséminées sur tout le territoire belge. Les balises reçoivent des données satellites brutes qui sont fusionnées dans la machine avec les données satellites brutes de la pelle proprement dite, ce qui permet d’arriver à une précision de l’ordre de 1,5 cm. »
Terra : Quelles sont précisément les différences entre 2D, 3D-GPS et Station totale ?
VM : « Une machine 2D permet de travailler sur un seul plan, sans dénivelé. Dans le plan, nous distinguons l’axe X et l’axe Y. Le 2D est idéal pour tout aplanir, par exemple creuser une fouille en terrain plat. Avec une machine 2D, vous travaillez toujours également avec un récepteur laser. Mais si vous voulez vous lancer dans un chantier où il y a des différences de niveau, il faut y ajouter un axe Z et travailler avec le système 3D-GPS. Ce dernier est composé d’antennes 3D sur la pelle et d’une carte SIM. Il présente cependant également des limites en termes de réception. Il ne fonctionne en effet pas sous des arbres, sous un pont ou dans un tunnel. Il faut alors passer au système de guidage par « Station totale ». Ici, un prisme est placé sur la machine et communique avec une station totale placée sur le site proprement dit. Ce système est précis au millimètre près, tandis que le 3D-GPS offre comme je l’ai dit une précision de l’ordre du centimètre et demi. L’utilisation d’une Station totale est d’ailleurs déjà devenue la norme lors de l’excavation d’une fondation de route. »
Terra : Si vous achetez aujourd’hui une nouvelle pelle hydraulique, devez-vous opter pour un système de ce type ?
VM : « Oui, et d’emblée pour un système 3D. Il sera certes plus cher qu’un système 2D, mais l’expérience m’a appris que les utilisateurs d’un système 2D adoptent généralement le 3D quelques mois à peine après avoir acheté le premier. Malheureusement, ce passage du 2D au 3D est plus onéreux que l’achat direct d’un système 3D. Un système 2D conviendra à un entrepreneur de jardinage ou de petits travaux de terrassement qui ne doivent pas excaver en pente. Dès qu’il faut creuser dans une pente, le système 3D est préférable. L’autre avantage est aussi la mobilité offerte par un système 3D. Avec un système2D, vous êtes un peu coincé et vous devez recalibrer la pelle par exemple si vous êtes allé de l’autre côté du chantier. Ce qui n’est pas le cas avec un système 3D. Les gros entrepreneurs sont d’ailleurs toujours à la recherche de pelles équipées de ce système, dont le prix de location est également plus élevé que celui d’une pelle sans 3D. »
Terra : Les systèmes sont-ils aussi complexes qu’au début ?
VM : « Pas du tout, ces systèmes ont eux aussi suivi les progrès technologiques réalisés ces dernières années. Ils sont souvent faciles à installer et configurables de façon conviviale. Il suffit au grutier de lire la clé USB dans la machine et de se mettre au travail. J’en vois souvent qui jettent les hauts cris quand on les oblige à travailler avec ce type de système. Mais qui ne voudraient pour rien au monde revenir en arrière une fois qu’ils ont appris à s’en servir. Vous connaissez instantanément toutes les hauteurs, profondeurs et limites de votre plan. Avec un système de ce type, plus besoin de géomètre : il suffit d’un topographe qui dessine le plan. Comme le géomètre ne doit plus faire le déplacement sur place, cela permet de réduire considérablement les coûts. Établir un plan en 3D, en fonction de la complexité, revient moins cher. »
Terra : Quel avenir le secteur du 3D nous réserve-t-il encore ?
VM : « J’essaie toujours de suivre l’évolution du secteur. Le soir, je lis différents magazines et articles en ligne. Les nouvelles pelles hydrauliques de Caterpillar et Komastu me séduisent particulièrement. Elles sont en mesure d’élaborer de façon entièrement automatique un modèle 3D. Et elles ont considérablement évolué en termes de finition. Elles travaillent beaucoup plus précisément et peuvent excaver avec une parfaite fluidité. J’espère que dans le futur nous pourrons travailler depuis un bureau et que nous ne devrons plus être présents physiquement sur le chantier. Cela constituerait une énorme avancée en termes de sécurité. La technologie existe déjà, mais je pense que cela n’est pas encore pour demain en Belgique, un pays où le réseau routier est dense et les interventions fréquentes. »