La location de matériel connait une croissance. De plus en plus souvent, particuliers et entrepreneurs font le pas vers la location de machines et de capacité. On loue non seulement des machines très spécifiques, mais aussi de simples grues et bulldozers. Terra a discuté avec Wim Van Nuffelen de Wim Verhuur, une entreprise de location de la région de Malines.
Wim Verhuur a été fondé en 2002, quand Wim a commencé à louer 1 chargeur sur pneus et 1 pelle après ses heures. En 2004, il s’est lancé à plein temps. La gamme fut agrandie avec quelques machines horticoles, et les machines pouvaient également être louées avec conducteur. Très vite, on a opté pour la location de machines sans chauffeur.
Aujourd’hui, 2800 machines sont disponibles dans le catalogue de Wim Verhuur, qui compte 50 employés.
Terra : 2800 machines, c’est un sacré nombre. Quelles sont les plus petites et plus grandes machines que vous louez ?
Wim Van Nuffelen : la plus petite est probablement un petit marteau de démolition de 6 kg. La plus grande machine du catalogue est une pelle de 30 tonnes.
Terra : qui sont les clients d’une entreprise comme la votre ?
WVN : Nos clients sont des entrepreneurs, petits et grands. Cela va du petit indépendant qui va faire des jardins les week-ends aux plus grandes entreprises de construction. Ces entreprises veulent pouvoir équiper leurs chantiers de A à Z : de toilettes de chantier et clôtures à la pelle ou aux plate-formes élévatrices pour le toit et les foreuses pour les cadres et les lampes.
Terra : pourquoi un entrepreneur préférerait-il louer des machines plutôt que d’investir dedans ?
WVN: il est plus judicieux de louer, certainement pou les machines plus grandes et plus coûteuses. Il faut non seulement régler le financement de machines pareilles, mais il faut penser au transport vers les chantiers, les entretiens, les réparations en cas de problèmes… En plus, il y a un choix énorme. Pas facile de maintenir le slogan de “la bonne machine au bon endroit”. La grue de 15 tonnes qui convient au chantier A est trop petite pour chantier B et trop grande pour chantier C. Il est donc mieux de louer la bonne machine par chantier. Louer des machines présente encore d’autres avantages. La machine est au chantier au moment où l’entrepreneur le souhaite. Vous voulez commencer à 7h ? Elle est là à 7h. Il y a un manquement ? Nous venons résoudre le problème ou réglons une machine de remplacement. L’entretien ? Pas besoin de s’en soucier en tant qu’entrepreneur, nous nous chargeons de tout. Pas de surprises non plus en termes de prix, celui-ci est clairement communiqué.
Terra : quelle est la tendance en termes de location ?
WVN : je remarque que même les grandes entreprises de construction louent de plus en plus souvent. Ces entreprises-là investissent dans les machines de base qui sont utilisées toute l’année sur quasi chaque chantier, mais les machines spécifiques, c.à.d. les grandes machines ou les machines spéciales, sont de plus en plus souvent louées.
Terra : avec les machines, il est très important d’être à jour. Comment cela se passe chez vous quand il est temps de changer de machine ?
WVN : cela dépend fortement du type de machines. Certains types, comme les minipelles, sont échangés tous les 4 ans. Les grandes grues sont remplacées toutes les 6 années Nous essayons d’avoir une flotte de machines récentes et l’idée est de la mettre à jour encore plus rapidement à l’avenir. Avec la législation changeante et les normes écologiques toujours plus strictes, nous devons suivre l’évolution. Les machines récentes consomment et polluent moins et c’est un point qui revient de plus en plus souvent dans les cahiers de charges : il faut penser à l’écologie. Par ces mises à jour régulières, nous évitons de rater un contrat. Voilà d’ailleurs encore une difficulté pour les entrepreneurs qui investissent eux-mêmes. Il n’est pas possible de remplacer une lourde grue qui ne doit sortir que quelque fois par an parce qu’elle ne se conforme plus à certaines normes. Cela ne se justifie tout simplement pas sur le plan financier. Chez nous, c’est différent.
Terra : nous avons connu une sacré évolution en termes de technologie ses dernières années. Êtes-vous au courant des dernières techniques ?
WVN : nous avons acheté nos premières grues et bulldozers sur GPS l’année passée et investi dans une propre station de base. L’intention est de continuer sur cette lancée dans les années à venir. Mais qui dit “nouvelles technologies” implique que les chauffeurs doivent suivre l’évolution. Nous avons donc trouvé des partenaires qui nous aident à rendre la vie plus facile pour nos chauffeurs. Des dessins en 3D sont convertis en programme de guidage GPS, les chauffeurs inexpérimentés sont encadrés. Une fois qu’ils ont compris, cela ce passe bien.
Terra : êtes-vous fidèle à certaines marques ?
Oui. Pour la simple raison que c’est ainsi que nous pouvons garantir à nos clients qu’ils auront la même machine ou une machine comparable chaque fois qu’ils font appel à nous. Chaque machine est différente en termes de manipulations, de boutons et de comportements. Si un client reçoit une grue d’une marque un jour et une grue d’une autre marque le suivant, il doit s’adapter à chaque fois. Ce n’est pas du bon service, ça. Cela facilite aussi les choses pour nos mécaniciens, tant en termes de pièces que du travail aux machines mêmes. De plus, la relation avec nos livreurs est très importante, pour ne pas dire aussi important que celle avec nos clients.
Terra : qu’en est-il du respect pour les machines louées ?
WVN : nous devons malheureusement constater qu’il y a moins de respect pour nos machines que pour les machines des entrepreneurs-mêmes. Mais c’est en grande partie à nous de faire attention. Lorsqu’une machine a une bosse quand on la dépose à un chantier, on peut être sûr d’en trouver une de plus en venant la chercher. Si par contre la machine est en parfaite condition en arrivant au chantier, la chance est réelle qu’elle revient propre et en ordre. Ce qu’on constate aussi, qu’un machiniste fixe par machine fait la différence. Lorsque c’est toujours la même personne qui travaille avec une lourde grue, un bulldozer ou une mini-pelle, il y a plus de respect. C’est logique, puisqu’ils se rendent compte qu’ils devront travailler avec la même machine la prochaine fois.
Terra : comment réagissez-vous en cas de dégâts ?
WVN : les clients peuvent opter pour une assurance, mais il y a toujours un risque. Nous prenons des photos de l’état de chaque machine avant que celle-ci ne parte. C’est comme cela que nous pouvons vérifier s’il y a des dégâts aux machines. En plus, il ne faut pas discuter quand on a des photos à l’appui.
Terra : quelle est votre vision à propos de l’évolution à l’avenir ?
WVN: Je pense que nous évoluons de plus en plus vers la location. Tout d’abord parce que les machines deviennent de plus en plus complexes, mais également parce que les travaux varient de plus en plus et que pas chaque entreprise n’est capable d’assumer les investissements pour acheter et entretenir une flotte entière. Grâce à la location, des entreprises moins bien équipées peuvent tout de même travailler sur des chantiers complets ou plus complexes. On constate que cette tendance existe depuis plus longtemps à l’étranger. Au Royaume-Uni, par exemple, plus de 80% des machines est loué. En Belgique, on tourne autour des 20%. Ce marché va donc encore évoluer. Ce désir d'”avoir” une machine disparaît tout doucement. Avant, une grande flotte représentait un certain prestige. Mais on calculait moins, à l’époque. Aujourd’hui, le propriétaire d’une entreprise veut savoir ce que chaque chantier lui rapporte et combien il en reste quand on déduit les frais. Avec une grande flotte, le capital d’une entreprise est peut-être important, mais les frais le sont souvent encore plus.